THOMAS CIARDELLI
THOMAS CIARDELLI

Mes arrières-arrières-grand-parents, Clément et Marie DUMONT ont caché pendant la guerre en hiver 1944. Mr Michel PARREYRE ainsi que ses parents Lisette et André.
Ils prennent la fuite à vélo vers la ferme des Dumont située à Bédoin, à 15 kilomètres de Carpentras.
Les Dumont sont agriculteurs. Clément Dumont est né en 1880, son épouse Marie est née en 1874.
A la ferme vit également Fernande Dumont, l’épouse de leur fils alors prisonnier de guerre et Roger,leur petit-fils âgé de six ans. Marie Dumont avait été la nourrice de Lisette quand elle était enfant.

Le 12 novembre 1943, André et Lisette Pereyre et leur fils Michel sont accueillis par les Dumont. Ils sont installés dans un petit logement dans une dépendance de la ferme. Pendant plusieurs mois, la famille Pereyre est cachée, logée et nourrie. Fernande participe à ce sauvetage. Le petit Roger reçoit l’ordre de ne pas parler à l’école des autres personnes qui vivent à la ferme de ses grands-parents.
Un mois après leur arrivée, les Pereyre ont de nouveaux papiers d’identité. Ils s’appellent dorénavant Peyral. C’est certainement les Dumont qui ont facilité l’obtention de ces nouvelles identités. Les risques encourus par les Dumont étaient grands car, à Carpentras et à Bédoin, nombreux étaient ceux qui connaissaient les liens qui unissaient les Dumont et la famille de Lisette.
Au printemps 1944, André et Lisette Pereyre vont se réfugier dans le Limousin, à huit kilomètres de la petite ville d’Oradour-sur-Glane. Fin septembre 1944, ils rentrent à Bayonne libérée et reprennent leur véritable nom. Après la Libération, les Pereyre sont restés en contact avec les Dumont et se rendent visite. L’affection et le sentiment d’une dette envers cette famille étaient très grands. Après le décès de ses parents en 1989 et 1990, Michel Pereyre a découvert plus tard que Roger Dumont vivait toujours dans la ferme familiale.

Depuis ce temps cette famille est restée très proche de la nôtre. Michel reste en très proche lien avec mon grand-père, Roger DUMONT, déjà né à cette époque. Ils nous racontent tous deux de nombreuses histoires de cette douloureuse épreuve. J’ai aujourd'hui en ma possession de multiples lettres de correspondance entre eux.

Le 24 décembre 2014, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Justes parmi les Nations à Monsieur Clément Dumont et à son épouse Madame Marie Dumont.

DIEGO DIAZ (nommé en mémoire de son grand-père)

Chercheur en biologie, résistant républicain actif, Diego Diaz a été contraint de fuir l’Espagne. Il se fixe, avec son épouse puis ses trois jeunes enfants, Diego, Jean-Pierre et Carmen, à Toulouse. La famille occupe le rez-de-chaussée d’un immeuble situé 27 rue Mulé. Cet immeuble abrite des réfugiés espagnols. Dès 1941, Diego DIAZ participe aux actions de Résistance.
Richard Thieberger et son épouse, Jenny née Weiss quittent Vienne en 1934. Richard Thieberger, après de brillantes études de langue et littérature allemandes et françaises, obtient cette même année un poste d’assistant de langue allemande au lycée de garçons de Reims.
De 1936 à 1939, il est chargé de cours à l’université de Caen. En 1938, juste avant l’Anschluss, le couple est naturalisé français. En 1939, Richard est mobilisé. Sa femme fuit Caen, et fait l’exode avec sa fille Annie née en juin de la même année. La famille se retrouve par le plus grand des hasards à Poitiers.
Après avoir été démobilisé, M. Thieberger, sous la protection du Doyen de la Faculté de Lettres de Toulouse Paul Dottin et du Professeur Jean Boyer, est, en janvier 1941, chargé de cours à l’Université et assistant au lycée. Le second enfant, Jacqueline, naît en janvier 1944 à Toulouse.
Le 3 mars 1944, le Dr Diaz aperçoit une voiture Citroën noire qui se gare devant l’immeuble, et il devine immédiatement qu’elle vient chercher la famille Thieberger. Il se met au piano. La Gestapo frappe à sa porte, et demande où est l’appartement de la famille Thieberger. Diego Diaz fait celui qui ne comprend pas. Alors que les hommes de la Gestapo vont se renseigner chez la concierge, et après avoir caché son fils sous l’escalier de la cave (son épouse et les deux autres enfants n’étaient alors pas là), Diego Diaz se précipite au premier étage, pour demander au voisin de palier de la famille Thieberger de prévenir Mme Thieberger (son mari se trouvait à son travail, au lycée) afin qu’elle se cache sur le champ dans une mansarde, chez Ramona, avec ses deux jeunes enfants. Le temps était compté – une question de minutes. Diego Diaz se remet au piano. Sous la menace d’un fusil, la Gestapo revient à son appartement, et entraîne Diego Diaz vers l’appartement de M. et Mme Thieberger. L’appartement est vide. La Gestapo conduit alors M. Diaz vers la Citroën. Menacé par l’arme, il n’a pourtant dit mot. La Gestapo (apparemment accompagnée d’un milicien) finit par le libérer, tout en ordonnant au Dr Diaz de dire à M. Thieberger, dès le retour de celui-ci à son domicile, de s’y trouver à 7h le lendemain matin, quand ces Messieurs allaient revenir.
Dès le départ de la Gestapo, Jenny Thieberger, après avoir confié ses enfants à Mme Diaz et à Mme Boyer, traverse la ville en courant pour faire prévenir son mari au lycée, et lui faire dire qu’il ne devait surtout pas rentrer à la maison. Ce même jour, la famille Boyer contacte Mgr Saliège, Archevêque de Toulouse, qui, en étroite collaboration avec le recteur de l’Institut catholique de Toulouse, Mgr de Solages, procure des caches à la famille Thieberger.
Mme Thieberger et sa fille Jacqueline sont cachées dans « la Maison des Mères ». M. Thieberger trouve refuge chez les Trappistes. Annie reste cachée chez la famille Boyer. Puis l’Église organise la fuite de la famille Thieberger à Mondilhan (Gers), à une centaine de kilomètres de Toulouse, où elle vécut dans la clandestinité pendant six mois. La famille Boyer continuera à veiller sur les fugitifs.
Après le 19 août 1944, Richard Thieberger enseigne de nouveau à Toulouse, et y fonde l’Université du soir. Son parcours le conduit ensuite en Allemagne, en Zone d’Occupation française, où il est chargé de dénazifier les milieux culturels. Puis il est responsable du bureau de l’Édition et des Lettres à la Direction des Affaires culturelles de l’Ambassade de France. Un troisième enfant naîtra avec la paix retrouvée. Par la suite, il est nommé Maître-assistant à l’Université de Strasbourg, puis Professeur à l’Université de Nice.

Par son courage et au péril de sa vie, Diego Diaz a sauvé Jenny et Richard Thieberger ainsi que leurs deux enfants Annie et Jacqueline.

 

Le 29 août 2013, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations au Docteur Diego Diaz.
Le 16 janvier 2015 a eu lieu au Capitole de Toulouse, la remise de la médaille des Justes parmi les Nations par Albert Seifer et Francine Théodore délégués de Yad Vashem aux ayants droit de Jean et Louise BOYER et Diego DIAZ, honorés à titre posthume

                                    

MARINE FOURTEAU                        MAROJORIE FOURTEAU

 

Au début des années 1940, notre grand-mère, Henriette Mazet (née Escriba) âgée alors d'une vingtaine d'années, était une jeune cheftaine scoute qui œuvrait dans le Gers, en particulier à Auch. Ce statut lui permit de rencontrer Julia Wittman et sa fille Nicole.
Julia, ses parents et sa fille Nicole, originaires d'Allemagne, avaient été expulsés d'Alsace et étaient venus s'installer à Auch, en zone libre.
Jusqu'en 1942, cette famille utilisait leurs papiers d'identité, portant la mention Juif.
La petite Nicole participait aux activités de scoutisme les jeudis après-midi et les dimanches avec notre grand-mère. Celle-ci l'avait d'ailleurs raccompagnée plusieurs fois chez elle en fin de journée, par peur des troupes allemandes qui patrouillaient en ville.
Mais dès novembre 1942, lorsque les Allemands occupèrent le sud de la France, Julia Wittman, sa fille et ses parents, se sentant traqués, demandèrent de l'aide à notre grand-mère pour trouver un logement plus discret.
Henriette Escriba chercha un logement pour la famille et avec l'aide de son père, Claire Escriba, les installa dans une maison du petit village de Saint-Clar, d'où elle était originaire.
Notre arrière-grand-père, secrétaire de la mairie du village a pu fournir des faux-papiers, des cartes d'alimentation, etc …
Notre grand-mère a aidé Mme Wittman à trouver un travail.
Henriette Mazet a aussi fait de la résistance en passant des consignes verbales, des faux-papiers ou du courrier à l'attention de futurs maquisards cachés dans les campagnes gersoises.

En 1987, Yad Vashem a décerné à Claire Escriba et à sa fille Henriette Mazet,    le titre de Juste des Nations.

 

 

CLAIRE LOUVEAU
CLAIRE LOUVEAU

Georges et Marie LOUVEAU sont un jeune couple d'agriculteurs à St Jean d'Assé, dans la Sarthe.

En avril 43, ils engagent un commis : Henri Barman venu de Paris pour les aider à la ferme. Quelques semaines plus tard, ils découvrirent qu'Henri BARMAN, 16 ans était juif, et que sa sœur Clara, 13 ans avait été recueillie par une famille du village.
Georges et Marie LOUVEAU décident spontanément de les réunir et accueillent Clara: "Nous avons trois enfants, avec vous, nous en avons cinq, où est le problème ?"
La fillette participa aux menus travaux de la ferme au même titre que les autres enfants.
Pour Clara, petite fille de la ville, découvrir la campagne et les animaux était formidable, et en plus : " ce sont des gens qui nous donnaient affection, vêtements et assiette pleine". Georges et Marie ont accueilli Henri et sa sœur avec beaucoup de gentillesse, ne faisant aucune distinction avec leurs propres enfants.
Depuis, Henri (décédé) et Clara font partie de la famille LOUVEAU.

 

Le 3 mai 1999, YAD VASHEM a décerné au couple le titre de Juste des Nations.
Georges et Marie ont reçu la médaille le 30 octobre 1999 à Mézières sous Lavardin.
 

EVE LALANDE                         CAROLE LALANDE

 

Notre arrière-arrière-grand-père, François Lalande, dit Désir (1876 – 1946) était maire de Vallet, une petite commune rurale de 300 habitants dans le sud de la Charente-Maritime.
En 1940, alors qu’il était âgé de 64 ans, la Gironde dut évacuer sur ordre, les réfugiés étrangers et les répartir en Charente.
Deux familles, dont la famille Rosensweig de Metz ( Max,Ola,Yte,Marc et Jean) et la famille Suslenski de Paris ( Jeanne, Jean-Jean, Maya, Lilo, Daniel ( le dernier bébé Suslenski qui venait de naître le 4 avril 1940) arrivèrent en gare de Montendre où mon arrière-arrière- grand –père, maire du village voisin, les attendait.Désir était veuf. Son fils Maurice était mobilisé. Cependant sa belle-fille Germaine de l’âge des parents Rosensweig Max et Ola, habitait là avec ses deux fils Robert et mon grand-père Paul du même âge que les enfants Rosensweig, Marc et Jean. Ils sont allés ensemble dans l’unique classe du village cette année-là.
Quand les Français ont capitulé en Juin 1940, la famille Suslenski décida de rentrer sur Paris pour que les enfants reprennent leurs études . Ils furent finalement victimes de la rafle du Vel d’Hiv en 1942 exceptée Maya alors absente du domicile le jour où la police est arrivée.
Quant à la famille Rosensweig, alors que les Allemands traversaient Montendre pour gagner Bordeaux, Désir prit la décision de « moins les exposer » et de les loger chez des voisins, les Martineau-Mauget dans une des deux petites chambres contigües à leur étable.
Les hommes des familles Martineau-Mauget alors prisonniers des Allemands, manquaient pour le travail de la ferme. Les parents Rosenzweig firent de leur mieux pour participer à la vie quotidienne et devinrent de véritables paysans.
Cette étape charentaise fut écourtée quand le département devint interdit aux Juifs étrangers.
Au début du mois de novembre 1941, les autorités d'occupation ordonnèrent à Désir, en tant que maire, de sommer les étrangers résidant à Vallet de se présenter à un camp de transit situé dans la localité voisine de Jonzac.
Il prévint immédiatement les Rosenzweig et leur délivra une attestation antidatée selon laquelle ils avaient déjà quitté Vallet, à destination de Bordeaux, quarante-huit heures avant l'entrée en vigueur de la circulaire.
Ils quittèrent le village la nuit-même et gagnèrent effectivement Bordeaux, dans un appartement désormais vide, le locataire ayant été raflé.
L'action rapide de mon arrière-arrière-grand-père leur avait sauvé la vie : les réfugiés juifs rassemblés au camp de transit de Jonzac furent envoyés à Drancy et, de là, déportés à Auschwitz.
Pendant trois étés les enfants Rosensweig, Marc et Jean revenaient à Vallet passer les vacances en toute discrétion, cachés derrière des bidons de lait d’une laiterie.
En 1943 lorsque les directives anti-juives de la préfecture en Charente-Maritime devinrent trop dangereuses, les Rosensweig partirent pour Pleine-Selve en Gironde bien que située à 18 kms seulement de Vallet, où Marcel Lagarde le secrétaire de mairie leur fit de faux papiers au nom de ROZAN.
Désiré Lalande a, d’autre part, communiqué largement avec ce même secrétaire de mairie de ¨Pleine-Selve, Mr Marcel Lagarde, afin d’échanger des informations concernant les décrets en vigueur en Charente-Maritime et Gironde ( qui n’avaient pas lieu en même temps car dépendants de préfectures différentes) et ainsi coordonner le sauvetage de personnes mises en danger par les nazis.
Nos familles sont restées en contact et continuent de nouer des liens très sincères d’amitié. Orna, la fille de Marc Rosen décédé depuis de nombreuses années, est d’ailleurs venue avec Jean l’an passé à Vallet afin de faire perdurer ce lien et revenir sur ces lieux chargés d’émotion.
De même notre famille a eu l’occasion de rendre visite à la famille Rosen à Tel Aviv.


Désir Lalande et Marcel Lagarde ont tous deux reçus la médaille des Justes de Yad Vashem pour avoir sauvé des juifs.
Lors de la remise de médaille, à titre posthume à ma famille, Jean Rosen et son fils ont fait le déplacement en France pour la cérémonie.

EMILIE LOUAULT
EMILIE LOUAULT

Voici l’histoire de mes grands-parents et des deux jeunes hommes qu’ils ont sauvés, François et Ernest.
Je l’ai apprise par ma grand-mère elle-même lorsque j’étais en 3e et que nous étudions la seconde guerre mondiale au collège avec deux autres cousines de mon âge. Nous nous sommes naturellement tournées vers elle pour savoir comment elle avait traversé cette époque avec notre grand-père et leurs jeunes enfants. C’était à la fin de l’année 1995.
Un jour, elle nous a donné quelques feuillets remplis de son écriture, timidement, et je me rappelle que nous l’avons tapé à l’ordinateur afin que le texte soit transmis à l’ensemble de la famille. Il contenait les grandes lignes de leur vie pendant la guerre et surtout racontait l’histoire de François et Ernest. Je crois que c’est à ce moment-là que l’ensemble de la famille a pris conscience de ce qui c’était réellement passé et que des mots ont été mis pour la première fois sur cette époque. En tout cas, c’est mon souvenir de jeune fille.
Lorsque j’ai alors demandé à mon père s’il connaissait cette histoire, il m’a expliqué que chaque année des visiteurs passaient l’été et emmenaient diner mes grands-parents; il savait qu’ils étaient juifs, que mes grands-parents les avaient aidés pendant la guerre, mais rien de plus.
Mes grands-parents ont hébergé deux adolescents juifs allemands, Ernest et François BRAUNSCHWEIG de mars 1942 à novembre 1943, date où le plus jeune est enlevé par la Gestapo suite à des dénonciations et où ils cachent le plus âgé et l’aident à fuir.
Le Comité de Yad Vashem est déjà en possession d’une photo d’Ernest, François et de leur frère ainé, ainsi que de celle de mes grands-parents et de leurs 4 enfants prise autour des années 40.
Je n’ai pas gardé directement de relations avec les rescapés mais ma grand-mère a gardé des contacts avec François et sa famille jusqu’à la fin de sa vie. Ils se voyaient environ une fois par an, et plus jeune elle l’a accompagné à diverses cérémonies. François est décédé en 2000, quelques mois après s’être adressé au Comité Yad Vashem afin de faire reconnaître mes grands-parents comme « Justes parmi les Nations ».
Ma grand-mère Jeanne-Marie LOUAULT née DURAND est  décédée en 2011 et son époux Bernard LOUALT est décédé en 1983.

 

Aujourd’hui mon père est toujours en contact avec les enfants de François, sa femme étant décédée l’an dernier.

 

Mes Grands-parents paternels ont été nommés Justes parmi les Nations en 2002.
Ma grand-mère Jeanne-Marie LOUAULT née DURAND est  décédée en 2011 et son époux Bernard LOUALT est décédé en 1983.

 

HORTENZE MARZIN
HORTENZE MARZIN

Silvine Girault, mon arrière-grand-mère maternelle, décédée le 13 Novembre 1972, a caché des juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Elle était veuve avec 5 enfants, remplie d’un courage et d’une générosité extraordinaire. Mon arrière- grand-mère, Silvine Girault vivait à Chitenay, un petit village dans le Loire et cher. Elle travaillait et élevait ses 5 enfants seule, avec très peu de ressources.
En 1942, le maître d’école du village, qui était engagé dans la résistance et qui travaillé également en tant que secrétaire au sein de la mairie, demanda à mon arrière- grand-mère, qui accepta, si elle pouvait garder une petite fille juive, Claire Fizicky âgé de 7 ans.
Leur père, Shaim Fizicky, tuberculeux, était lieutenant dans la résistance, dans le Limousin. Etant gravement malade, il avait donc décidé de mettre ses enfants en sécurité et de s’engager dans la résistance Leur mère, Bina Fizicky, avait était arrêtée et déportée à Auschwitz, d’où elle ne reviendra pas.
Les temps furent très durs et faibles en ressources.
Claire arriva accompagnée de son frère Iliez âgé de 9 ans, qui fut confiée à une amie, Madame Blanche-Renée GRILLET habitant 300 mètres plus loin, et avait un petit garçon du même âge
Ils changèrent leur identité grâce à l’aide du professeur d’école du village. Ils devinrent Claire et Jules FRANCOIS. Par la suite ils furent baptisés à l’église afin de se protéger au maximum.
En mai 1943, quelques mois plus tard, Ida Borenstein, vint rendre visite à sa nièce Claire et son neveu Jules.
Elle s’était cachée 5 jours dans les bois avec son bébé de 3 ans Michel Borenstein, suite à une fuite de Paris par les toits afin d’éviter les rafles allemandes. Elle demanda à mon arrière-grand-mère de garder son petit garçon, Michel BORENSZTAJN, âgé de 3 ans afin de le protéger.
Ils étaient sans cesse en train de se cacher et fuir, pour éviter les rafles.
Bien que Silvine vive constamment avec la peur de se faire dénoncer, elle accepta sans hésiter et choya chacun d’eux avec tout l’amour qu’une mère peut donner à ses enfants.
Monsieur FIZYCKI, venait souvent visiter ses enfants et restait un ou deux jours.Ils restèrent tous ensemble jusqu’à la libération en 1945. La maman de Michel vint le récupérer, ainsi que le papa de Claire et Jules. Mais celui-ci mourut 6 mois plus tard à cause de sa maladie et les deux enfants furent accueillis par l’association des enfants déportés.
Je souhaite partager avec vous, une lettre que, ma grand-mère Anne Girault-Pinault et ses frères et sœurs ont reçue, par la marquise du village, Diane De Pothuan, suite au décès de mon arrière-grand-mère, qui la décrit telle qu’elle était :
« Je suis allée dire un dernier adieu à votre mère. Calme et paisible dans la mort, comme elle l’avait été dans la vie. Elle dormait, elle était au ciel et pouvait rendre compte à Dieu d’une vie merveilleusement remplie ; ne se plaignant jamais, ne pensant qu’aux autres. C’est le secret du bonheur et elle était heureuse au vrai sens du mot. »


Personnellement je les ai seulement vus lors de la cérémonie de remise de médaille de Juste parmi les Nations en 2010 à Chitenay.

FLORENCE MOINE
FLORENCE MOINE

En 1942, Marcel BLUM arrive avec sa femme Alice et ses trois enfants (Andrée, Georges et Jean) à Saint-Benoît-du-Sault, petit village de l'Indre (département 36). Il sympathise avec un ébéniste du village, Maurice CLEMENT, ancien combattant de la guerre de 1914, qui a le même âge que lui. Sa fille Andrée se lie d'amitié avec Odette, la fille de Maurice et Germaine CLEMENT.
En 1942, quand commencèrent les arrestations et déportations de Juifs, l’ébéniste remit à
Marcel BLUM tous ses papiers, carte d'identité, livret militaire, livret de famille et certification de baptême, ainsi que ceux de Germaine CLEMENT pour sa femme Aline, en lui disant :
"Ne vous inquiétez pas pour moi, je me débrouillerai !". Il ajouta qu'il n'avait pas peur de se retrouver sans papiers et ne se souciait guère du danger.
A partir de ce moment, Marcel BLUM est devenu Maurice CLEMENT et Alice BLUM est devenue Germaine CLEMENT.
Aimé et respecté au village, Maurice CLEMENT qui avait la confiance de tous, put aider les BLUM et d'autres familles de réfugiés juifs sans éveiller les soupçons. Sa maison devint un refuge et toute la famille BLUM s'y réfugiait lorsqu'il y avait une rafle dans la région.
Lors de la vague d'arrestations de 1943, leurs noms ne figuraient pas sur la liste des Juifs recherchés.
Comme Maurice CLEMENT travaillait alors à la préfecture à Châteauroux, les BLUM étaient convaincus que c'était lui qui avait fait disparaitre leurs noms.
Avertie la veille de la rafle, Alice BLUM prévint tous les autres juifs de l'endroit. Elle fut assistée dans cette tâche par Maurice et Germaine CLEMENT et Marie JUNKER, la gouvernante suisse des enfants BLUM qui rejoindra la résistance.
Lorsque les gendarmes se présentèrent au domicile des Juifs, ils ne trouvèrent personne. Les réfugiés s'étaient tous enfuis et se cachaient.
Lorsque la situation des Juifs s'aggrava encore en 1944, Marcel BLUM et son fils Georges quittèrent le village et rallièrent la résistance. Alice BLUM et sa fille Andrée, qui avaient peur de se montrer dans la rue, furent installées par Maurice et Germaine Clément dans la chambre d'Odette. Pendant deux semaines, elles n'en bougèrent pas, laissant les volets fermés. Cette pièce se trouvait juste au-dessus de la cuisine où les CLEMENT recevaient les visiteurs : voisins, amis et gendarmes. A chaque fois, les deux femmes étaient priées de ne faire aucun bruit. Les portes de la maison étaient fermées à clé à l'heure des repas pour que tout le monde puisse les prendre ensemble.
Dans sa déposition après la guerre, Andrée BLUM regrette de ne pas trouver les mots pour saluer la chaleur, la gentillesse et l'affection avec lesquelles mes arrière-grands-parents Maurice et Germaine CLEMENT entouraient sa famille.
En été 1944, Andrée BLUM venait d'avoir dix-huit ans. Au bout de deux semaines de claustration dans la chambre de son amie Odette, elle n'en pouvait plus. Sa mère et elle décidèrent donc de quitter leur refuge pour rejoindre Marcel BLUM. Maurice CLEMENT tenta en vain de les en dissuader. Au mépris du danger que courait sa propre famille et ne voyant que les périls que devraient affronter les deux femmes, il les aida à quitter le village et à arriver à bon port.
Après la guerre, les deux familles restèrent amies et cette amitié se perpétue au fil des générations.
Au cours de l'été 1973, après la mort de Marcel BLUM, sa femme Alice et Andrée invitèrent mes arrière-grands-parents Maurice et Germaine CLEMENT et Marie JUNKER-KISSLING à visiter Israël avec elles.

 

Fait extrêmement troublant mais prouvant à quel point le destin de nos 2 familles est à jamais lié, il se trouve que nos arrière-grands-mères respectives Germaine CLEMENT et Alice BLUM décédèrent le même jour à quelques heures d’intervalle.

 

A ce jour, sont encore vivants ma grand-mère Odette MOINE et Georges BLUM.
Le 18 juillet 1973, Yad Vashem a décerné à Maurice et Germaine-Marie Clément de (Saint-Benoit-du-Sault) le titre de Juste des Nations.

 

 

 

MARYLINE ROUX
MARYLINE ROUX

J’ai vécu une grande partie de mon enfance jusqu’à l’âge adulte chez mes grands-parents paternels. Du plus lointain que je me souvienne, je les ai toujours entendus parler de Céline comme d’une femme forte, avec un caractère bien affirmé, qui ne se laissait pas intimider et qui, toute sa vie, aura vécu avec une grande indépendance.
Née le 9 septembre 1886 à Roubaix, sa mère décède alors qu’elle n’a que 5 ans. Jeune fille, elle déménage avec son père en banlieue parisienne à Levallois-Perret. Elle trouve alors un emploi au Bon Marché où elle fait la rencontre de mon arrière-grand-père Louis Roux, qu’elle épouse en juin 1909. Le couple s’installe dans le XIVème arrondissement. De cette union, nait mon grand-père Albert Roux, en 1914. Malheureusement, mon arrière-grand-père, appelé sous les drapeaux, décèdera tragiquement à Dieppe en juin 1915, sans avoir jamais vu son fils.
Femme forte, énergique et courageuse, Céline n’en restera pas moins toute sa vie très marquée par cette tragique disparition.
Mère du jeune Albert, veuve de guerre, elle épouse en seconde noce Monsieur René Zraia Morali en février 1922, un juif d’origine italienne, né à Alger. De cette union, naitront Bella Simone en février 1923 et Louis en avril 1926.
Céline crée à Paris en 1935, au 113 rue de Patay (13ème arrondissement), un magasin de quincaillerie.
Après le déclenchement de la seconde guerre mondiale, Céline prend très vite conscience des menaces qui pèsent sur le peuple juif et demande à René, son mari, de s’installer dans leur maison de campagne à Servon.
René y restera tout le temps que durera la guerre. Dans une lettre des amis proches lui écrivent : « Je crois que René fait très bien de rester à Servon et ainsi peut-être il sera oublié quel triste destin nous avons. »
Céline s’engage parallèlement dans la résistance, mue à la fois par une rancoeur tenace à l’endroit des allemands depuis la disparition de son premier mari sur les champs de bataille et par le souhait de venir en aide à son entourage, qui comprend plusieurs amis de confession juive.
Le sous-sol de la quincaillerie sert alors de refuge à de nombreuses familles juives fuyant Paris et cherchant à gagner la zone libre. La trappe permettant l’accès au sous-sol est alors cachée par un tapis. Lorsque la cave ne peut plus accueillir d’occupants, Céline accueille parfois des familles juives dans son appartement même, situé au-dessus du magasin.
C’est ainsi qu’elle accueille jour après jour ces familles, leur offrant un refuge, les nourrissant et leur procurant le nécessaire pour la fin de leur parcours vers la zone non occupée (souvent quelques vêtements, un peu de nourriture pour le trajet, parfois quelques pièces de monnaie).
Céline serait ainsi parvenue à venir en aide à pas moins de 300 personnes de confession juive (parmi eux, les 4 membres de la famille Zenatti, Maria Bloch et Leo Helner) ainsi qu’à des prisonniers évadés d’Allemagne.
Elle prend à cette époque des risques considérables pour la sécurité de sa famille. -Il faut rappeler que son mari est de confession juive et se cache en province-. Pendant tout le temps de la guerre, elle taira ses activités afin de protéger les membres de sa famille.
Soupçonnée par des voisins, elle est arrêtée à plusieurs reprises par la Gestapo. Céline refuse de donner toute information et déclare ne rien savoir. La Gestapo l’interroge notamment avec insistance sur le lieu où se trouve son mari. L’une de ses arrestations a lieu en présence de ses enfants et est restée dans la mémoire familiale. Céline s’adresse à ses enfants et leur dit : « ils m’emmènent ces vaches-là ». La Gestapo, comprenant un peu le français lui demande de répéter ce qu’elle vient de dire. Elle a alors la présence d’esprit de répondre qu’elle vient de dire : « mes enfants, je vous lâche là ».
La guerre passée, Céline tourne la page et ne souhaite plus évoquer ces moments douloureux.

 

La mairie de Paris souhaite la décorer de la médaille de Paris pour ses actes de bravoure. Céline refuse toute décoration, répondant simplement qu’elle estime avoir fait son devoir de citoyen français, rien de plus.
Elle est décédée le 23 décembre 1968 à Montmorency.

JOSEPHINE RUDZKI
JOSEPHINE RUDZKI

Il y a 71 ans, plus exactement, de juin à septembre 1944 à Hersin-Coupigny, dans le Nord Pas-de-Calais, Joséphine et Olivier Bultez acceptaient de recevoir au sein de leur famille, dans leur maison, Yanchel alias Jean Breitburd, un juif de 44 ans, afin de le soustraire à la barbarie nazie. Après la révolution de 1917, Yanchel Breitburd fuit la Bessarabie et s’installe en France où il travaille dans le milieu du cinéma. Il épouse Agnès Delespaul à Paris en juin 1938. Une amie, Joséphine Bultez exploite un cinéma et un café à Hersin-Coupigny dans le Pas-de-Calais.

Le 7 juillet 1942, Yanchel Breitburd est arrêté à son domicile situé Boulevard Exelmans à Paris. Il est déporté de Drancy dans l’île d’Aurigny le 11 octobre 1943.
Le 7 mai 1944, les Juifs sont évacués. Lors de son transfert, Yanchel aidé par un cheminot, Pierre Leroy, s’évade à Etaples dans le Pas de Calais. Il s’enfuit à pied vers Hersin-Coupigny et parvient au café tenu par Joséphine et Olivier Bultez. Leur café est fréquenté par les Allemands, la Kommandantur étant proche.
Olivier et Joséphine Bultez cachent Yanchel Breitburd pendant deux mois dans leur grenier et prennent soin de lui. Quand dans le café, les Allemands parlent d’un Juif caché, Joséphine détourne la conversation en offrant une tournée générale. Des tracts contre le nazisme sont distribués dans la salle de cinéma gérée par les Bultez. Olivier Bultez est arrêté, torturé et nie la présence d’un Juif chez lui. Il est relâché au bout de trois jours sans avoir dénoncé Yanchel, alias Jean Breitburd. La Libération du Nord-Pas de Calais se déroule début septembre 1944 et fin septembre Jean Breitburd rentre à Paris.

 

Les familles Breitburd et Bultez ont gardé des contacts amicaux pendant des années. Pascal, le fils de Jean Breitburd, né en 1946 passe souvent ses vacances chez le couple Bultez pendant son adolescence .Je les considère comme ma famille, nous sommes très proches. Nous nous appelons souvent, et nous nous voyons à tous les évènements familiaux, et même pendant les vacances. Nous avons de très bons contacts avec l’ensemble de la famille Breitburd.

 

La cérémonie de remise de Médaille de Justes parmi les Nations honorant Joséphine et Olivire Bultez a eu lieu le 8 octobre 2015.

 

QUITERIE ZELLER
QUITERIE ZELLER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Petite fille de Viviane et Jean-René ERNY

Famille DURANDY

Après avoir échappé à une descente de la Gestapo, la famille Nekhom s'est dispersée dans la ville de Nice. Alerté par Monsieur Massa, cantonnier, mon grand-père Yves rassembla les parents et leurs deux enfants, leur firent prendre le petit train des ''pignes'' conduisant dans l'arrière-pays niçois. Avec ses parents Marie et Timothée, eux aussi distingués Justes, ils cachèrent dans la maison de famille dans le village de Sausses (06) les 4 Nekhom, les hébergeant jusqu’à la libération de Nice en août 1944.
Auguste Massa était cantonnier et résidait avec sa femme à Nice. Il connaissait Yves Durandy, jeune secrétaire au poste de police du 6ème arrondissement de la ville. Auguste croisait à l’occasion les membres de la famille Nekhom, des Juifs déchus de leur nationalité française, assignés à résidence à Nice. Ils avaient loué une villa dans le quartier où il travaillait. En février 1944, la Gestapo fit une descente à la villa des Nekhom. Par chance, leur fils Marc, 12 ans, était au lycée Massena et leur fille Irène, 20 ans, occupée ailleurs. Les parents échappèrent par miracle à l’arrestation. Profitant d’un moment d’inattention des policiers, M. Nekhom sauta par la fenêtre et dans sa fuite croisa Auguste qui le prit sous sa protection et le cacha chez lui. Ce dernier repartit ensuite au point de ralliement convenu par la famille en cas de danger, afin de chercher Mme Nekhom et ses enfants. Il hébergea le couple et Marc pour la nuit alors qu’Irène trouva refuge auprès de connaissances. Le lendemain, il fit venir à son domicile Yves Durandy, affilié au «Réseau Tartare» de la Résistance. Le policier enregistra une plainte pour vol à la villa comme si les Nekhom s’étaient rendus eux-mêmes au commissariat, de sorte qu’ils puissent revendiquer des réparations ultérieurement. Ensuite, il hébergea le couple chez ses parents, Timothée et Marie Durandy, qui mirent à leur disposition une maison ancestrale qu’ils possédaient à Sausses, un village de 60 habitants perché dans les Alpes de Haute Provence.
Marie, employée des chemins de fer, organisa d’abord le transfert des parents en train et ensuite celui des enfants. Yves revint lui-même à Sausses leur apporter des faux papiers et les recommander au curé pour qu’il leur fournisse des titres de ravitaillement. Ils y restèrent jusqu’à la Libération. Rescapés d’une chasse-poursuite dramatique, le couple Nekhom et ses deux enfants ont survécu grâce à la bravoure héroïque de leurs sauveurs. Mme Irène KAMPF (Née NEKHOM) et M. Marc NEKHOM furent sauvés.


Le 20 octobre 2002, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marie et Timothée Durandy et leur fils Yves , décédé en 2006 , ainsi qu’à Auguste Massa et sa femme le titre de Juste parmi les Nations.